Quelle autorité managériale?
Les récentes innovations managériales semblent vouloir consacrer la disparition de l’autorité en mettant à plat les organisations, en supprimant la hiérarchie et en mettant en avant la responsabilité individuelle. On en est parfois à se demander si on ne pourrait pas définitivement fonctionner sans managers après avoir supprimé la notion de chefs, remplacée par celle de hiérarchique ou de responsable, moins suspecte, quand bien même les comportements sont parfois inchangés.
Dans les organisations humaines où l’ordre ne va pas toujours de soi et où la désorganisation peut générer du mal-être et de l’inefficacité, un fonctionnement sans manager et sans autorité est-il réellement souhaitable ? Alors de quelle autorité parle-t-on ?
Le mot autorité vient du latin « Augere », qui signifie augmenter. Il définit donc d’abord la capacité d’un chef à faire grandir ceux qui lui sont confiés. L’autorité est aussi la faculté de rendre possible (autoriser) certaines choses en fixant les règles et en donnant les moyens qui permettront le déroulement des opérations.
L’autorité est donc indispensable y compris dans les organisations les moins hiérarchiques, et c’est une des principales qualités à développer chez les chefs d’aujourd’hui, devenus managers avec le temps.
Faire grandir : dans toute organisation les managers, responsables d’équipes, hiérarchiques, chefs de projet sont appelés à faire grandir leur équipe, en identifiant les talents individuels ou en développant les compétences collectives et en les ordonnant au profit de la mission. Comme les chefs militaires prennent soin des aptitudes au combat de leurs soldats et de leur capacité physique à les exercer (et pour cause, ils risquent solidairement leur vie…), le chef ou le responsable d’une mission en entreprise ne devrait-il pas être plus responsabilisé (et pourquoi pas évalué) sur le développement de compétences individuelles et les capacités collectives des équipes opérationnelles, que sur les résultats que celles-ci obtiennent ? Cette autorité qui fait grandir est au service de la performance et permet de clarifier le rôle et la responsabilité de chacun et de reconnaître son impact propre sur le résultat collectif.
Rendre possible : C’est une autre composante de l’autorité. Le soutien du manager à ses collaborateurs prend bien d’autres formes que celle de développer les compétences, chacune contribuant également à la performance : identification des objectifs opérationnels convergeant avec la vision globale, identification et obtention des moyens nécessaires pour réaliser la mission, organisation des fonctionnements permettant à chacun d’agir en plus grande autonomie, ou encore accompagnement dans la prise de décision. En cela l’autorité consiste également à faciliter l’action et l’obtention du résultat de l’équipe par les collaborateurs
Il est donc bon de chercher à développer l’autorité des managers : les former à une meilleure compréhension de l’Homme et des groupes humains (anthropologie) permet de développer chez eux les capacités humaines qui les aideront à mieux s’occuper de leurs collaborateurs et à les accompagner dans l’exercice de leur travail : bienveillance, connaissance et intérêt pour les collaborateurs sont depuis toujours des leviers de l’autorité.
Cette connaissance des collaborateurs et des équipes, ainsi que leur investissement pour optimiser les conditions de réalisation de la mission fondera également leur légitimité et leur permettra, quand les conditions le nécessiteront, d’exprimer leur leadership et leur exigence en tant que chef.